Documentaire : Tax Wars
Jeudi 07 novembre 2024
De 14:00 à 15:00
Espace Conférences
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Documentaire : Tax Wars

Dans les pas d’experts militant pour la taxation des profits des multinationales, ce documentaire explore façon « Star Wars » les enjeux planétaires du combat pour la justice fiscale qui gagne du terrain, de l’Union européenne à la Zambie en passant par l’Inde et le Chili.

Ce n’est pas un parti révolutionnaire qui le proclame, mais le Fonds monétaire international : les multinationales priveraient chaque année les États de près de 600 milliards de dollars d’impôts légitimes en profitant de l’absence d’une régulation mondiale. Le social-démocrate danois Jepp Koford, lui, alors eurodéputé, estimait en 2019 que l’évasion fiscale dans son ensemble coûtait à la seule Union européenne (UE) quelque 1 000 milliards d’euros par an, alors que l’argent public manque pour lutter contre le réchauffement climatique et ses conséquences, l’insécurité alimentaire, les pandémies, l’accroissement abyssal des inégalités. Les pays en développement, dont les ressources sont pillées sans contrepartie équitable, constituent les premières victimes de ce « hold-up du siècle ». Pourtant, la crise financière de 2008, puis la succession des scandales fiscaux, des « Lux Leaks » aux « Panama Papers », ont fini par entamer la toute-puissance des quelque 120 000 entreprises mondialisées qui profitent du « moins-disant fiscal ». En 2021, 140 pays ont ainsi adopté un accord que l’on aurait, dix ans plus tôt, qualifié d’utopique, et qui est entré en vigueur dans l’UE au 1er janvier 2024 : les bénéfices des entreprises doivent être taxés à hauteur de 15 % minimum, quel que soit le lieu où elles déclarent leurs profits. La Commission indépendante pour la réforme de la fiscalité internationale des entreprises (ou Icrict, son acronyme en anglais), coprésidée par les économistes Joseph Stiglitz et Jayati Ghosh, qui a bataillé pour cette « taxation unitaire » des multinationales, y voit une première victoire, insuffisante mais porteuse d’espoir.

Chevaliers et forces obscures
L’empire de l’évasion fiscale est-il réellement menacé ? La bataille présidentielle américaine à venir contient une partie de la réponse, puisque l’élection de Joe Biden s’est avérée décisive pour l’adoption de cet accord. Filant avec humour et pédagogie la métaphore des chevaliers Jedi dressés contre les forces obscures de la mondialisation, Hege Dehli, Lamia Oualalou et Xavier Harel exposent les grandes étapes et les coulisses de ces « Tax Wars » dont l’issue pourrait changer la face du monde. Surtout, avec les experts de l’Icrict (dont aussi Eva Joly, Thomas Piketty, Gabriel Zucman…), ils en explorent avec une éblouissante clarté les enjeux et les mécanismes planétaires. Des bénéfices de l’ex-entreprise Alstom exfiltrés en Suisse par General Electric, la multinationale américaine qui l’a rachetée, aux fonctionnaires des impôts zambiens impuissants à contrôler les montages fiscaux sophistiqués des grandes compagnies minières qui exploitent le cuivre du pays, quatre incursions de terrain, menées aussi au Chili et en Inde, illustrent leur éloquent plaidoyer pour la justice fiscale, gage de services publics renforcés.

 

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Catégorie : Ciné-Conférences

Dans les pas d’experts militant pour la taxation des profits des multinationales, ce documentaire explore façon « Star Wars » les enjeux planétaires du combat pour la justice fiscale qui gagne du terrain, de l’Union européenne à la Zambie en passant par l’Inde et le Chili.

Ce n’est pas un parti révolutionnaire qui le proclame, mais le Fonds monétaire international : les multinationales priveraient chaque année les États de près de 600 milliards de dollars d’impôts légitimes en profitant de l’absence d’une régulation mondiale. Le social-démocrate danois Jepp Koford, lui, alors eurodéputé, estimait en 2019 que l’évasion fiscale dans son ensemble coûtait à la seule Union européenne (UE) quelque 1 000 milliards d’euros par an, alors que l’argent public manque pour lutter contre le réchauffement climatique et ses conséquences, l’insécurité alimentaire, les pandémies, l’accroissement abyssal des inégalités. Les pays en développement, dont les ressources sont pillées sans contrepartie équitable, constituent les premières victimes de ce « hold-up du siècle ». Pourtant, la crise financière de 2008, puis la succession des scandales fiscaux, des « Lux Leaks » aux « Panama Papers », ont fini par entamer la toute-puissance des quelque 120 000 entreprises mondialisées qui profitent du « moins-disant fiscal ». En 2021, 140 pays ont ainsi adopté un accord que l’on aurait, dix ans plus tôt, qualifié d’utopique, et qui est entré en vigueur dans l’UE au 1er janvier 2024 : les bénéfices des entreprises doivent être taxés à hauteur de 15 % minimum, quel que soit le lieu où elles déclarent leurs profits. La Commission indépendante pour la réforme de la fiscalité internationale des entreprises (ou Icrict, son acronyme en anglais), coprésidée par les économistes Joseph Stiglitz et Jayati Ghosh, qui a bataillé pour cette « taxation unitaire » des multinationales, y voit une première victoire, insuffisante mais porteuse d’espoir.

Chevaliers et forces obscures
L’empire de l’évasion fiscale est-il réellement menacé ? La bataille présidentielle américaine à venir contient une partie de la réponse, puisque l’élection de Joe Biden s’est avérée décisive pour l’adoption de cet accord. Filant avec humour et pédagogie la métaphore des chevaliers Jedi dressés contre les forces obscures de la mondialisation, Hege Dehli, Lamia Oualalou et Xavier Harel exposent les grandes étapes et les coulisses de ces « Tax Wars » dont l’issue pourrait changer la face du monde. Surtout, avec les experts de l’Icrict (dont aussi Eva Joly, Thomas Piketty, Gabriel Zucman…), ils en explorent avec une éblouissante clarté les enjeux et les mécanismes planétaires. Des bénéfices de l’ex-entreprise Alstom exfiltrés en Suisse par General Electric, la multinationale américaine qui l’a rachetée, aux fonctionnaires des impôts zambiens impuissants à contrôler les montages fiscaux sophistiqués des grandes compagnies minières qui exploitent le cuivre du pays, quatre incursions de terrain, menées aussi au Chili et en Inde, illustrent leur éloquent plaidoyer pour la justice fiscale, gage de services publics renforcés.